Comment optimiser la fiscalité des revenus locatifs perçus à l’étranger ?

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F. Germain AMOUZOUVI-DOVO
Juriste fiscaliste chez LexaNova
📅 15/07/2025 ⏱️ 8 min de lecture 🌍 Fiscalite Internationale
Comment optimiser la fiscalité des revenus locatifs perçus à l’étranger ?

📋 Résumé de l'article

Découvrez comment optimiser la fiscalité de vos revenus locatifs perçus à l’étranger : régimes d’imposition, conventions fiscales, démarches déclaratives, optimisation structurelle et cas pratique réel. Profitez de conseils opérationnels pour éviter la double imposition et sécuriser vos déclarations en 2025.

Comment optimiser la fiscalité des revenus locatifs perçus à l’étranger ?

Introduction : Des enjeux fiscaux au cœur de la mobilité internationale

Avec plus de 600 000 Français propriétaires d’un bien immobilier à l’étranger, la question de l’optimisation de la fiscalité des revenus locatifs étrangers est plus actuelle que jamais. Nombreux sont ceux qui peinent à anticiper les conséquences fiscales et à déclarer sereinement leurs loyers perçus hors de France. Comment éviter une double imposition des loyers perçus à l’étranger ? Quelles sont les démarches pour choisir le régime fiscal le plus avantageux ? La fiscalité internationale regorge de pièges : ignorance des conventions fiscales, oubli de formulaires ou charges mal ventilées peuvent entraîner des surcoûts et exposer à des pénalités. Maîtriser les règles et saisir toutes les opportunités d’optimisation structurelle, telles que la création d’une société holding ou la bonne déduction des charges, s’avère essentiel. Cet article vous guidera à travers le contexte réglementaire, illustré par un cas concret détaillé, afin de sécuriser et d’optimiser votre fiscalité internationale.

Le cadre juridique et fiscal des revenus locatifs étrangers

Typologie et régime d’imposition des revenus étrangers

En tant que résident fiscal français, vous êtes soumis à l’impôt en France sur l’ensemble de vos revenus mondiaux, conformément à l’article 4 A du CGI. Les revenus issus de la location immobilière située hors de France entrent dans deux catégories principales : les revenus fonciers (location nue) et les BIC - bénéfices industriels et commerciaux (location meublée).

  • Location nue : Imposée au barème progressif de l’impôt sur le revenu, plus 17,2 % de prélèvements sociaux.
  • Location meublée :
    • Recettes < 23 000 € ou < 50 % des revenus : micro-BIC (abattement forfaitaire de 50 %).
    • Au-delà : régime réel (déduction des frais réels et amortissement possible).

Le BOFiP et l’article 50-0 du CGI encadrent cette distinction. Chaque régime a ses critères et ses atouts pour optimiser la base imposable.

Conventions fiscales internationales : éviter la double imposition

La principale difficulté tient à la double imposition potentielle des revenus locatifs : à la fois dans le pays de situation du bien et en France. Les conventions fiscales internationales, notamment l’article 6 et l’article 24 de la convention France-Espagne, prévoient généralement que le pays source (celui du bien) a le droit de taxer les loyers. Pour éviter que la France ne taxe deux fois, un crédit d’impôt égal à l’impôt étranger (calculé via le formulaire 2047 et reporté sur la déclaration 2042) est octroyé en France. Certaines conventions attribuent même l’intégralité du pouvoir d’imposition au pays de résidence du bailleur.

Dispositifs spécifiques et optimisations structurelles

  • CIMR : Permet une imposition forfaitaire à 20 % pour certains revenus exceptionnels.
  • CFC Rules : Attention à la détention du bien via une société étrangère contrôlée (risque de réintégration fiscale en France).
  • Structures sociétaires :
    • La holding étrangère (ex. Luxembourg, Malte) peut réduire l’imposition mais expose à un risque de requalification de holding passive.
    • La SCI étrangère peut être imposée en France si elle est considérée comme un établissement stable.

Démarches déclaratives

La déclaration des loyers étrangers se fait en deux temps : via le formulaire 2047 (revenus étrangers, détail de l’impôt payé localement) puis sur la déclaration principale 2042. Il est impératif de conserver tous les justificatifs d’impôts et de charges, sous peine de voir le crédit d’impôt refusé lors d’un contrôle.

Cas pratique : Optimiser la fiscalité d’un appartement meublé loué à l’étranger – le cas de l’Espagne

Situation de départ

Marie, ingénieure informatique à Lyon, est propriétaire d’un appartement meublé à Valence (Espagne). Elle perçoit 15 000 € de loyers annuels, supporte 3 000 € de charges (taxe foncière espagnole, copropriété, assurance) et 2 200 € d’intérêts d’emprunt (prêt français). L’Espagne prélève l’impôt sur le net à 19 % via le régime non-résident.

Problématiques fiscales

  • Doit-elle payer des impôts en France en plus de ceux déjà acquittés en Espagne ?
  • Comment déduire ses charges : côté espagnol et/ou français ?
  • Quel régime fiscal choisir en France : micro-BIC ou réel ?
  • Quels formulaires remplir pour éviter toute pénalité ?

Analyse et simulation

  • En Espagne : Marie déclare les loyers nets des charges et intérêts. IRNR dû : (15 000 € – 3 000 € – 2 200 €) x 19 % = 1 862 €.
  • En France : Marie reporte les revenus sur la 2047 puis la 2042.
    • Option micro-BIC : abattement de 50 % → base 7 500 € x 30 % (exemple) = 2 250 €. Après crédit d’impôt = 388 € à payer.
    • Option réel : si charges réelles, hors charges déjà déduites en Espagne, supérieures à 50 %, base 6 500 € → IR 1 950 €, crédit d’impôt de 1 862 €, reliquat fiscal de 88 €.
  • Formalités :
    • 2047 : détail des loyers et impôt espagnol payé.
    • 2042 : choix du régime BIC, report du crédit d’impôt case 8TK.
    • Conservation des justificatifs espagnols.

Recommandations et meilleures pratiques

Marie doit comparer chaque année les charges réelles non déjà utilisées en Espagne à l’abattement du micro-BIC et faire un choix en connaissance de cause. Une rigueur déclarative est indispensable pour éviter toute requalification ou pénalité.

Risques fiscaux : points de vigilance et erreurs à éviter

Plusieurs pièges guettent le bailleur international :

  • Double déduction des charges : Impossible de déduire une charge à la fois en Espagne et en France.
  • Omission du crédit d'impôt : Oublier de remplir la case 8TK (crédit d’impôt au titre de la convention) expose à une double taxation.
  • Non-respect des obligations déclaratives : Une omission ou un retard (2047, 2042) entraîne des pénalités majorées (10 %).
  • Sous-évaluation de la fiscalité à la revente : Plus-value immobilière imposable en France (19 % + 17,2 % PS) et possible taxation locale.
  • Succession : Les règles successorales relèvent du pays du bien, à anticiper pour optimiser la transmission.

À noter : La BOFiP précise dans ses commentaires sur les conventions fiscales bilatérales l’importance de la ventilation des charges et la conservation des justificatifs (BOI-INT-DG-20-20-20).

Optimiser sa fiscalité : leviers structurants et solutions sur-mesure

Pour alléger votre charge fiscale, plusieurs axes d’optimisation existent :

  • Choix du régime fiscal le plus pertinent : micro-BIC pour la simplicité (abattement de 50 %), réel pour des charges importantes et l’amortissement éventuel du bien (sous conditions).
  • Structure sociétaire : une société holding étrangère peut réduire la taxation globale, mais avec des contraintes fortes de substance et des risques de requalification (CFC rules, notion d’établissement stable – art. 209 CGI et BOFiP). La SCI internationale peut aussi offrir des atouts (effet levier, transmission) mais être soumise à l’IS en France selon la structuration.
  • Maîtrise de la ventilation des charges : ne pas doubler la déduction des frais, trier entre charges acceptées en France et à l’étranger.
  • Respect du formalisme : remplir scrupuleusement la 2047 et la 2042, reporter le crédit d’impôt, conserver les preuves d’imposition étrangère.
  • Anticipation de la fiscalité à la revente et en cas de succession : calculer l’impôt sur la plus-value tant dans le pays du bien qu’en France, en tirant parti du crédit d’impôt de convention.

Bien entendu, réaliser une simulation annuelle et faire appel à un professionnel permettent d’ajuster votre stratégie déclarative et d’éviter tout risque de requalification.

Conclusion : Sécuriser et optimiser sa fiscalité locative internationale

L’optimisation de la fiscalité des revenus locatifs de source étrangère ne s’improvise pas. Bien choisir son régime fiscal, comprendre les dispositifs de crédit d’impôt, anticiper les risques de double imposition et structurer son patrimoine en conséquence sont les clés pour réduire sa charge fiscale tout en restant dans la légalité. Pour s’adapter à la complexité croissante des règles internationales, solliciter un avocat fiscaliste spécialisé – via Lexanova, par exemple – demeure le meilleur réflexe : la sécurité déclarative n’a pas de prix.

Questions fréquentes sur la fiscalité des revenus locatifs étrangers

Comment déclarer les revenus locatifs perçus à l’étranger ?

Il faut utiliser le formulaire 2047 pour récapituler les loyers et l’impôt d’origine, puis les reporter sur la déclaration 2042 (cases BIC ou foncières selon la nature de la location).

Comment éviter la double imposition sur les loyers étrangers ?

Grâce au crédit d’impôt conventionnel reporté case 8TK, vous n’êtes taxé en France que sur la différence éventuelle entre fiscalité étrangère et française.

Quel formulaire remplir pour les revenus fonciers de source étrangère ?

Le formulaire n° 2047, puis le 2042 pour l’intégration dans le revenu global.

Quelle fiscalité pour un bien loué en Espagne par un résident français ?

Imposition locale sur le net au taux de 19 % (IRNR), puis déclaration en France, avec crédit d’impôt égal à l’impôt espagnol.

Quelles sont les erreurs à éviter lors de la déclaration des revenus étrangers ?

Oubli du crédit d’impôt, double déduction des charges, non-conservation des justificatifs, mauvaise ventilation des régimes fiscaux.

L’Essentiel à retenir

La fiscalité des revenus locatifs de source étrangère obéit à un double mécanisme d’imposition : déclaration obligatoire en France (formulaires 2047 et 2042) et mécanisme de crédit d’impôt pour éviter la double taxation. Le choix du régime fiscal (micro-BIC ou réel), la bonne ventilation des charges, le respect des conventions fiscales internationales et la rigueur déclarative sont décisifs pour optimiser votre situation. Un cas comme celui de Marie, avec un bien en Espagne, montre qu’il est possible de maximiser la réduction d’impôt grâce à une déclaration étudiée et parfaitement documentée. N’oubliez jamais : chaque situation internationale est unique et nécessite une analyse sur-mesure. Pour sécuriser vos démarches et optimiser votre fiscalité, rapprochez-vous d’un avocat fiscaliste via la plateforme Lexanova.

⚠️ Important

Cet article est fourni à des fins d'information uniquement. Pour des conseils fiscaux personnalisés adaptés à votre situation, consultez un avocat fiscaliste.

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