Risques fiscaux des donations déguisées : ce qu'il faut savoir en 2025

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F. Germain AMOUZOUVI-DOVO
Juriste fiscaliste chez LexaNova
📅 18/07/2025 ⏱️ 7 min de lecture 📰 Fiscalite patrimoniale
Risques fiscaux des donations déguisées : ce qu'il faut savoir en 2025

📋 Résumé de l'article

Découvrez les risques fiscaux liés aux donations déguisées : requalification, pénalités, contrôle fiscal, exemples pratiques et bonnes pratiques pour éviter un redressement. Article pédagogique à jour en 2025.

Quels sont les risques fiscaux des donations déguisées ?

Introduction

Selon les dernières données fiscales, les donations déguisées font l’objet d’une vigilance accrue de l’administration : près d’un contrôle sur cinq portant sur la transmission de patrimoine aboutit à un redressement en raison d’une opération suspecte. Que se passe-t-il lorsqu’un bien immobilier est vendu à un proche à un prix « d’ami » ou qu’un prêt est consenti sans exigence de remboursement ? Comment l’administration fiscale qualifie-t-elle une donation déguisée et quels risques fait-on courir à son patrimoine ? Dans un contexte où l’optimisation de la transmission peut rapidement basculer dans l’irrégularité, comprendre les enjeux et les conséquences fiscales des donations déguisées est indispensable pour éviter un redressement ou de lourdes pénalités. Cet article propose un tour d’horizon complet : cadre légal, analyse pratique, simulations chiffrées, points de vigilance et conseils pour sécuriser ses opérations.

Par donation déguisée, le Code général des impôts désigne tout acte juridique camouflant la véritable intention de donner un bien ou une somme d’argent sous une apparence différente : vente à prix minoré, prêt fictif, fausse reconnaissance de dette, etc. Là où la donation classique est transparente et soumise à enregistrement avec paiement des droits, la donation déguisée tente, par une forme différente, d’éviter la fiscalité applicable. Notamment, selon l’article 757 du CGI, tout acte révélé comme étant en réalité un transfert gratuit doit être, même s’il prend la forme d’une vente ou d’un échange, soumis aux droits de mutation à titre gratuit (DMTG) comme une donation.

L’administration fiscale dispose, conformément à la doctrine BOFiP (par exemple, BOI-ENR-DMTG-10-20), du pouvoir de requalification : si une opération présente des indices manifestes d’intention libérale (prix manifestement sous-évalué, absence de paiement effectif du prix, etc.), elle pourra être requalifiée en donation. La jurisprudence française rappelle régulièrement que c’est l’intention qui prime sur la forme, et que la recherche d’une économie d’impôt ne saurait justifier la dissimulation de l’acte réel. Certaines situations classiques sont particulièrement risquées : vente immobilière à un enfant à un prix inférieur de plus de 20 % à la valeur du marché, prêt non remboursé ou donation indirecte non déclarée.

L’abus de droit fiscal (article L64 LPF) peut également être invoqué si la manœuvre vise principalement à éluder l’impôt. Dans ce cas, les conséquences fiscales sont aggravées : application d’une majoration de 80 % et possible poursuite pénale.

Illustration pratique : risques et conséquences d’une donation déguisée

Examinons la situation emblématique de Madame Dupont. Chef d’entreprise prospère, elle entend transmettre un bien immobilier de 500 000 € à son fils Alexandre, qui débute dans l’entrepreneuriat. Plutôt que d’effectuer une donation notariée (soumise à déclaration et droits de 20 % après abattement), elle consent à Alexandre une « vente » pour 300 000 € seulement. La manœuvre ferait économiser, en apparence, près de 40 000 € de droits en omettant de déclarer la donation.

Or, l’administration fiscale – via contrôle de succession, recoupements bancaires ou dénonciation – repère l’opération. Forte de la jurisprudence et de l’article 757 CGI, elle requalifie la différence (200 000 €) en donation déguisée :

  • Base taxable : 200 000 €. Avec un taux de 20 %, cela représente 40 000 € de droits.
  • Majoration de 40 % (élusion frauduleuse) : 16 000 €.
  • Intérêts de retard (au taux légal depuis la date de l’acte).

Montant total dû : environ 56 000 €, voire plus selon la durée du retard. En cas de conflit familial, d’autres frais peuvent s’ajouter. Si l’opération est découverte lors de la succession, une réintégration dans l’actif successoral est possible – au détriment des autres héritiers, ouvrant la voie à des contentieux familiaux.

Pitfalls à éviter : vigilance et risques concrets

La tentation de contourner la fiscalité via une donation déguisée expose à des risques majeurs, notamment :

  • Contrôle fiscal accru sur toutes les opérations atypiques entre proches (immobilier, titres sociaux, etc.).
  • Sanctions lourdes : amende de 40 % pour manœuvre frauduleuse, pouvant atteindre 80 % en cas d’abus de droit (impots.gouv.fr). Les intérêts de retard s’accumulent jusqu’à la régularisation.
  • Rapport à la succession : réintégration de la valeur réelle du bien dans la masse successorale (articles 850 et suivants du code civil), avec possibilité de contestation par les héritiers réservataires.
  • Prescription longue : la prescription pour les droits de mutation peut atteindre 6 ans à compter de la découverte (et non de la date de l’acte), selon l’article L186 du LPF.
  • Charge de la preuve inversée : une fois l’intention libérale présumée, il devient difficile de prouver l’absence de donation.

En pratique, la vente à un prix trop bas n’est pas automatiquement considérée comme une donation déguisée, mais, dès lors que l’intention de libéralité est avérée, la charge de la preuve devient difficile à renverser.

Sécuriser ses transmissions : bonnes pratiques et optimisations possibles

Pour éviter les risques de requalification et sécuriser la transmission, plusieurs recommandations s’imposent :

  • Transparence et déclaration : Toute donation (manuelle ou indirecte) supérieure à 15 000 € doit obligatoirement être déclarée via le formulaire n°2735. Cela permet de bénéficier de l’abattement légal de 100 000 € entre parents et enfants tous les 15 ans (art. 779 CGI).
  • Vente au prix de marché : Toute cession doit s’effectuer à la valeur réelle du bien (via expertise immobilière indépendante, justificatifs de paiement effectif, etc.).
  • Donation notariée : Préférer la donation authentique pour les biens de valeur, l’acte notarié assurant la sécurité juridique et fiscale.
  • Éviter le prêt fictif : Si un prêt familial est consenti, il doit être formalisé (contrat, échéancier, intérêts éventuels, remboursement effectif).
  • En cas d’erreur passée : Il est préférable de régulariser spontanément avant tout contrôle (paiement des droits, déclaration rectificative) pour limiter les pénalités.
  • Recourir à un professionnel : Un notaire ou un avocat fiscaliste pourra fiabiliser vos transmissions et prévenir toute contestation.

Chaque solution présente ses avantages et contraintes : la donation notariée est plus sûre mais assortie de frais, l’abattement s’applique sous conditions, et certains régimes spécifiques peuvent optimiser la transmission d’entreprise (Pacte Dutreil, etc.). Une étude personnalisée s’impose.

Conclusion : agir en toute sécurité pour son patrimoine

En résumé, les risques fiscaux associés aux donations déguisées sont considérables : fortes pénalités, prescription longue, déséquilibre entre héritiers et contentieux potentiels. La seule approche véritablement sécurisée : privilégier la transparence et les procédures déclaratives prévues par la loi. Pour toute opération de transmission complexe, il est fortement recommandé de solliciter l’accompagnement d’un avocat fiscaliste via Lexanova afin d’éviter les erreurs coûteuses et les procédures litigieuses. Une opération « à l’amiable » qui détourne la règle peut vite se transformer en cauchemar fiscal.

Foire aux questions – Donations déguisées (FAQ)

  • Quelles sont les sanctions en cas de donation déguisée ? L’administration peut réclamer le paiement des droits de donation avec une amende de 40 à 80 % et intérêts de retard.
  • Comment l’administration fiscale peut-elle prouver une donation déguisée ? Par des indices (prix de cession trop bas, absence de paiement, liens familiaux, ressources du donateur) et des recoupements bancaires ou immobiliers.
  • Quel est le délai de prescription pour une donation non déclarée ? En général, 6 ans à compter de la découverte de la donation déguisée.
  • Une vente à un prix trop bas est-elle toujours une donation déguisée ? Non, mais la vente à prix minoré sans justification objective expose à la requalification si l’intention de don est avérée.
  • Comment régulariser une donation non déclarée ? En déclarant spontanément la donation et en payant les droits dus, avant tout contrôle.

Ce qu’il faut retenir

La donation déguisée, tentation commune pour contourner les droits de mutation à titre gratuit, expose à un risque fiscal important en France :

  • L’administration peut, grâce à la puissance de recoupement des déclarations et des contrôles bancaires, requalifier toute vente ou prêt suspect en donation.
  • Les pénalités financières, la prescription longue (6 ans), l’impact sur la succession et les relations familiales en font une opération particulièrement risquée.
  • La vente à prix minoré ou le prêt fictif doivent être justifiés ou formalisés, faute de quoi la preuve de l’intention de se « montrer généreux » basculera rapidement en faveur de l’administration.
  • La seule solution vraiment sécurisée : jouer la transparence, respecter la déclaration, recourir aux procédures notariées, et solliciter un professionnel via Lexanova pour fiabiliser et optimiser la transmission de votre patrimoine en toute sérénité.

⚠️ Important

Cet article est fourni à des fins d'information uniquement. Pour des conseils fiscaux personnalisés adaptés à votre situation, consultez un avocat fiscaliste.

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