Comment réduire la fiscalité d’une donation en plusieurs tranches ?

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F. Germain AMOUZOUVI-DOVO
Juriste fiscaliste chez LexaNova
📅 23/07/2025 ⏱️ 8 min de lecture 📰 Fiscalite patrimoniale
Comment réduire la fiscalité d’une donation en plusieurs tranches ?

📋 Résumé de l'article

Découvrez comment optimiser la transmission de votre patrimoine grâce à la donation fractionnée. Méthodes, cas pratiques, erreurs à éviter et bonnes pratiques pour réduire les droits de donation en France.

Comment réduire la fiscalité d’une donation en plusieurs tranches ?

Introduction

En France, près de 30 milliards d’euros sont transmis chaque année via des donations – un chiffre record selon les derniers rapports du ministère de l’Économie. Pour de nombreux parents et grands-parents, la transmission du patrimoine soulève des défis cruciaux : comment donner une somme importante à ses enfants ou petits-enfants sans supporter une fiscalité lourde ? Quelle stratégie permet d’optimiser l’abattement de 100 000 euros applicable tous les 15 ans ? Ce sujet prend une dimension particulière à l’heure où le patrimoine immobilier et financier représente toujours un levier clé de protection et d’anticipation familiale. Comprendre les leviers d’optimisation autour de la donation successive, bien utiliser la règle du rappel fiscal ou le don manuel : voici autant de sujets qui préoccupent de plus en plus de familles souhaitant transmettre une partie de leur patrimoine de leur vivant tout en limitant leur exposition aux droits de donation. Explications, simulations chiffrées et bonnes pratiques : cet article vous donne les clés pour transmettre efficacement et sereinement.

Pour comprendre comment fractionner une donation afin de réduire la fiscalité, il convient d’analyser précisément le contexte réglementaire encadrant ce dispositif. En France, la donation entre parents et enfants bénéficie d’un abattement important : selon l’article 779 du Code général des impôts (BOFiP), chaque parent peut donner jusqu’à 100 000 euros à chacun de ses enfants tous les 15 ans sans droits de donation à régler. Cette règle s’applique en cumul : un couple peut donc transmettre jusqu’à 200 000 euros à chaque enfant sur une période de 15 ans, sous réserve qu’ils agissent séparément. La règle du « rappel fiscal » impose que les donations antérieures consenties par le même donateur au même donataire sur la période de 15 ans soient prises en compte pour apprécier le franchissement du seuil d’abattement.

L’article 777 du CGI précise le barème applicable au-delà de l’abattement : de 5 % à 45 % selon le montant taxable. Par exemple, après application de l’abattement de 100 000 euros, la tranche de 8 073 à 15 932 euros est taxée à 10 %, et celle excédant 15 932 euros jusqu’à 45 %. Il existe aussi un dispositif de don familial de somme d’argent exonérée (article 757 A du CGI) jusqu’à 31 865 euros par enfant et par parent (sous réserve de conditions d’âge et de lien familial).

Pour bénéficier des abattements, la donation doit être réalisée par acte notarié dès lors qu’elle porte sur des biens immobiliers, ou que le montant dépasse 15 000 euros. Pour les dons manuels (sommes d’argent, bijoux, titres…), une déclaration auprès de l’administration fiscale reste obligatoire. Enfin, si les biens sont communs, le consentement du conjoint est requis (article 1395 du Code civil).

Il est crucial d’éviter un fractionnement artificiel des donations, comme le rappelle l’instruction fiscale du 17 mars 2020. Les donations rapprochées de façon artificielle peuvent être requalifiées par l’administration et soumises à agrégation pour le calcul de l’impôt.

Application pratique : la stratégie de donation progressive (cas de Sophie)

Illustrons la gestion d’une donation en plusieurs tranches à travers le cas de Sophie, 50 ans, cadre marketing, propriétaire de deux appartements (600 000 €) et d’économies (150 000 €), souhaitant transmettre le maximum à ses deux enfants, Lucas (20 ans) et Emma (18 ans), avec une fiscalité optimisée.

Situation et objectifs fiscaux de Sophie

Sophie envisage de donner progressivement au profit de Lucas et Emma. Sa première question : « Quel montant puis-je donner à chaque enfant sans payer d’impôts ? » D’après l’article 779 CGI, chaque parent peut donner 100 000 € à chaque enfant en franchise tous les 15 ans (BOFiP). Sophie peut donc envisager une stratégie en deux temps : donner aujourd’hui jusqu’à 100 000 € à Lucas, puis attendre 15 ans pour renouveler l’opération. Cette solution est efficace dans un contexte patrimonial conséquent.

Calculs concrets et simulations

  • Scénario 1 : donation immédiate de 100 000 € à Lucas (2025) : Sophie n’aura aucun impôt de donation à régler, tout son abattement est utilisé.
  • Scénario 2 : si elle décide de donner 150 000 € à Lucas, seuls 100 000 € bénéficient de l’abattement, la base taxable sera de 50 000 €. La taxation selon le barème 2025 conduirait à 50 000 € x 20 % (taux moyen) = 10 000 € (estimation simplifiée, le barème complet s’applique par tranche).
  • Scénario 3 : donation échelonnée : Sophie donne cette année 100 000 € à Lucas, puis dans 15 ans renouvelle l’opération. Les deux donations sont exonérées.

Pour maximiser la transmission, Sophie peut aussi utiliser la donation-partage en répartissant biens immobiliers et numéraires à ses deux enfants simultanément, bénéficiant à chacun de l’abattement, avec une valorisation actualisée des biens.

Enfin, le don familial exonéré (article 757 A du CGI) peut permettre à Sophie d’effectuer un don manuel supplémentaire de 31 865 €, en toute exonération, à condition que Lucas ou Emma accepte ce don et remplisse les conditions d’âge (Service-Public.fr).

Risques fiscaux et erreurs à éviter lors du fractionnement des donations

Fractionner les donations pour en réduire la fiscalité nécessite de respecter scrupuleusement la réglementation. Par exemple, effectuer plusieurs dons rapprochés à la même personne dans un but clairement fiscal peut alerter l’administration, qui dispose du pouvoir d’agréger ces actes dans un délai de 15 ans (cf. Instruction 17/03/2020). La sanction : l’ensemble est requalifié et la fiscalité recalculée sur la totalité des sommes.

Autre risque fréquent : l’absence ou la mauvaise déclaration des dons manuels. Même un don familial exonéré doit être déclaré pour éviter un rappel fiscal lors d’une succession. Enfin, la sous-évaluation des biens immobiliers transmis lors d’une donation-partage peut entraîner un redressement.

En cas de donation de biens communs, ne pas recueillir l’accord du conjoint expose à la nullité partielle de l’acte (article 1395 du Code civil).

Optimisation : comment planifier ses donations en plusieurs tranches ?

L’optimisation fiscale d’une donation successive passe par l’anticipation et la bonne connaissance des dispositifs existants :

  • Utilisation de l’abattement renouvelable tous les 15 ans : planifiez des dons importants à intervalles réguliers en respectant les délais, afin de maximiser l’avantage pour chaque héritier.
  • Dispositif du don familial exonéré (service-public.fr) : en cumulant abattement classique et don familial, il est possible de transmettre davantage sans droits.
  • Donation-partage : répartir des biens immobiliers ou financiers entre plusieurs enfants permet d’individualiser chaque transmission et d’optimiser l’abattement par bénéficiaire.
  • Don croisé entre époux : chaque parent utilise son abattement au profit de l’enfant commun, doublant potentiellement le volume transmis sans fiscalité.

Veillez à conserver une documentation complète de chaque opération (acte notarié ou déclaration de don manuel) pour garantir la transparence et éviter toute contestation future.

Enfin, n’oubliez pas que la valorisation des biens donnés doit être réaliste et cohérente avec le marché, sous peine de redressement lors de la succession ou d’un contrôle ultérieur.

Conclusion : comment transmettre efficacement son patrimoine sans surcoût fiscal ?

La clé pour réduire la fiscalité d’une donation en plusieurs tranches ? Une planification méthodique, adaptée à la situation familiale et patrimoniale, et un respect scrupuleux du droit fiscal. Que vous soyez parent ou grand-parent, sachez qu’un simple don peut être exonéré jusqu’à 100 000 euros par parent et par enfant tous les 15 ans – une opportunité à saisir pour protéger l’avenir de ses proches tout en maîtrisant sa fiscalité.

Pour sécuriser l’ensemble de la démarche, il est recommandé de recourir aux conseils personnalisés d’un professionnel qualifié. Sur Lexanova, vous pouvez entrer en relation avec un avocat fiscaliste pour analyser votre situation et mettre en œuvre la stratégie la plus adaptée.

FAQ : Réponses aux questions courantes sur la fiscalité des donations successives

  • Combien peut-on donner à ses enfants tous les 15 ans sans payer d’impôts ? Jusqu’à 100 000 euros par parent et par enfant, abattement renouvelable tous les 15 ans (art. 779 CGI).
  • Comment fonctionne la règle du rappel fiscal des 15 ans pour les donations ? Les donations antérieures consenties à une même personne par le même donateur au cours des 15 années précédentes sont prises en compte pour l’application de l’abattement.
  • Peut-on faire plusieurs donations à la même personne la même année ? Oui, mais le plafond d’abattement ne peut pas être excédé sans déclencher l’imposition sur la part excédentaire.
  • Quel est le montant maximum d’une donation sans avoir à la déclarer ? Tout don manuel doit être déclaré, mais le don familial exonéré permet de transmettre 31 865 euros sans droits (art. 757 A CGI).
  • Faut-il passer devant un notaire pour faire une donation en plusieurs fois ? Oui, dès lors que la donation porte sur un bien immobilier ou dépasse 15 000 euros.

L’essentiel à retenir : transmission patrimoniale en douceur

La donation fractionnée constitue, à ce jour, une stratégie majeure pour transmettre un patrimoine conséquent en France sans supporter une fiscalité excessive. Grâce à l’abattement de 100 000 euros renouvelable tous les 15 ans et au don familial exonéré, il est possible de transmettre progressivement l’essentiel de ses actifs à ses enfants, tout en préservant la pérennité familiale. Fractionner ses dons, choisir le bon moment, veiller à la régularité des déclarations et documenter chaque opération sont autant de réflexes fondamentaux.

Gardez à l’esprit que chaque situation patrimoniale est unique et nécessite une adaptation des dispositifs existants. Avant de mettre en œuvre votre plan de transmission, rapprochez-vous d’un avocat fiscaliste grâce à la plateforme Lexanova pour finaliser votre opération en toute sécurité et sérénité.

⚠️ Important

Cet article est fourni à des fins d'information uniquement. Pour des conseils fiscaux personnalisés adaptés à votre situation, consultez un avocat fiscaliste.

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