Comment éviter la requalification fiscale d’un particulier en marchand de biens ?

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F. Germain AMOUZOUVI-DOVO
Juriste fiscaliste chez LexaNova
📅 26/08/2025 ⏱️ 8 min de lecture 📰 Fiscalite Immobilière
Comment éviter la requalification fiscale d’un particulier en marchand de biens ?

📋 Résumé de l'article

Découvrez les règles, risques et stratégies pour éviter la requalification fiscale en marchand de biens. Guide 2025 avec cas pratique, conséquences et conseils pour optimiser votre fiscalité immobilière.

Comment éviter la requalification fiscale d’un particulier en marchand de biens ?

Introduction

En France, près de 15 % des transactions immobilières réalisées par des particuliers font l’objet d’un contrôle fiscal approfondi chaque année. Le spectre de la requalification en « marchand de biens » inquiète nombre d’investisseurs, qu’ils opèrent à titre personnel ou via une SCI. Faut-il s’inquiéter dès lors que l’on enchaîne des opérations d’achat-revente ? Quels sont les critères précis qui déclenchent la suspicion de l’administration fiscale ? Maîtriser ces enjeux permet de protéger son patrimoine et d’éviter des conséquences financières majeures, telles que l’application de taux d’imposition bien plus élevés que pour un simple particulier. Cet article pédagogique vous dévoile les règles applicables, les risques à surveiller, illustre par un cas concret et propose des pistes d’optimisation pour vos projets immobiliers.

La frontière entre la gestion patrimoniale immobilière et l’activité professionnelle de marchand de biens n’est pas toujours aisée à établir. L’administration fiscale s’appuie principalement sur l’article 35-I-1° du Code général des impôts (CGI) pour qualifier les opérations. Selon ce texte, est marchand de biens toute personne — physique ou morale, y compris les SCI — réalisant de façon habituelle des opérations d’achat en vue de la revente d’immeubles ou de droits immobiliers, dans une optique de spéculation. La doctrine BOFiP-RPPM-PVBMI-10-20-20 s’y réfère également pour analyser la notion d’habitude et l’intention spéculative.

Dans ce contexte, trois critères-clés sont surveillés :

  • La fréquence des opérations : Un particulier qui multiplie les achats-reventes (même via une SCI) sans affectation clairement privée du bien prend le risque d’une requalification. Quelques actes espacés sont souvent tolérés, mais la répétition annuelle attire l’attention du fisc.
  • L’intention spéculative : L’achat d’un bien pour le revendre rapidement avec plus-value est un signal d’alerte. L’absence d’occupation, de location ou de justification (mutation familiale, séparation, etc.) renforce la présomption de spéculation.
  • Le caractère professionnel ou accessoire : Les opérations annexées à une activité principale (directeur d’agence, promoteur, etc.) sont également scrutées, mais un particulier « lambda » reste concerné.

La jurisprudence insiste sur la chronologie des actes, la publicité de la mise en vente, la nature des travaux réalisés entre acquisition et revente, ainsi que la capacité à prouver une démarche patrimoniale (mutation, succession, investissement pour la retraite…). Un point particulier concerne les SCI : dès lors qu’elles multiplient les transactions sans activité locative, leur finalité patrimoniale est contestée.

Le contrôle fiscal immobilier s’attache à ces éléments factuels, et la charge de la preuve de l’activité non spéculative repose sur le contribuable.

Cas pratique : la SCI Pierre&Co face au risque de requalification

Contexte et problématique

Considérons la SCI familiale Pierre&Co, fondée en 2018. Elle achète un appartement à Bordeaux pour 200 000 € début 2022, y effectue 30 000 € de travaux, puis revend le tout début 2023 pour 270 000 €. Parallèlement, deux autres opérations similaires ont lieu la même année, sans mise en location ni occupation. Les membres s’interrogent : trois achats-reventes en douze mois exposent-ils à la requalification « marchand de biens » ?

Analyse fiscale appliquée

La doctrine fiscale (article 35 CGI et BOFiP) retient la fréquence et la finalité spéculative des opérations. La non-location, la rapidité de la revente et la répétition d’actes constituent un faisceau d’indices probants. Le cas de Pierre&Co se retrouve dans cette situation à risque.

Si la SCI est requalifiée en marchand de biens, la fiscalité applicable ne sera plus celle des plus-values des particuliers, mais celle des bénéfices industriels et commerciaux (BIC), avec :

  • Imposition du bénéfice à l’impôt sur les sociétés (IS, taux de 25 % en 2025), soit 10 000 € environ sur 40 000 € de plus-value brute.
  • TVA sur marge (20 % sur la marge taxable), soit environ 8 000 € supplémentaires.

Au total, la pression fiscale passerait de quelques milliers d’euros (si abattements pour durée de détention) à près de 18 000 €.

Simulation comparée et recommandations

Si la requalification est évitée, la fiscalité sur la plus-value pourrait être limitée à celle des particuliers (19 % + prélèvements sociaux, avec abattements selon la durée de détention), d’où un effort fiscal réduit. Pour se prémunir, la SCI doit démontrer une intention patrimoniale : louer le bien, documenter chaque projet personnel (installation d’un membre, mutation), limiter la fréquence des opérations et conserver tous les justificatifs des raisons des ventes. Un accompagnement expert s’avère précieux pour sécuriser la gestion fiscale et limiter tout risque fiscal d’achat-revente.

Points de vigilance et risques fiscaux majeurs

La principale erreur serait de croire que l’absence d’activité professionnelle suffirait à protéger du risque fiscal d’achat-revente. L’administration ne s’arrête pas à la forme juridique mais observe, à travers le contrôle fiscal immobilier, toutes les opérations suspectées de spéculation :

  • Multiplication d’achats-reventes à court terme,
  • Non-occupation ou absence de justification économique ou familiale,
  • Absence ou simulation d’activité locative via SCI (attention : la SCI peut aussi être requalifiée !),
  • Montage visant à contourner l’imposition réservée aux professionnels.

Si l’administration émet une proposition de rectification, le redressement fiscal peut s’avérer très lourd : réintégration dans les BIC, application de majorations et pénalités de 10 à 80 %, avec impact sur les cotisations sociales. Le délai de prescription en matière de requalification fiscale en marchand de biens est généralement de 3 ans, mais peut être allongé en cas de mauvaise foi.

Optimiser et sécuriser sa fiscalité immobilière : stratégies concrètes

Plusieurs mesures permettent de limiter ce risque :

  • Limiter la fréquence des ventes : Éviter de multiplier les opérations sur une courte période et privilégier une gestion patrimoniale sur le long terme.
  • Justifier chaque vente : Documenter chaque opération (motif de revente, déménagement, divorce...), fournir toute preuve d’une gestion familiale sincère.
  • Éviter l’intention spéculative : Rénover pour louer ou occuper le bien, plutôt que pour revendre immédiatement.
  • SCI : surveiller sa gestion : La SCI doit conserver une vocation patrimoniale (mise en location, occupation familiale), adapter les statuts si besoin et anticiper les conséquences en cas d’opérations fréquentes.
  • Réaliser un audit annuel de ses opérations immobilières : Cela permet de détecter toute situation à risque et d’ajuster sa stratégie.
  • Être accompagné par un professionnel : Un expert en droit fiscal réduit le risque d’erreur ou de rectification.

Chaque opération ou choix immobilier doit être anticipé sur le plan fiscal : l’impact sur la plus-value immobilière d’un particulier diffère largement de la fiscalité du marchand de biens et oriente votre stratégie patrimoniale.

Conclusion et appel à l’action

La frontière entre gestion privée et activité de marchand de biens est mince. Le contrôle fiscal immobilier s’applique aussi bien aux particuliers qu’aux montages via SCI. Il est essentiel d’anticiper, de limiter la fréquence des achats-reventes, de justifier chaque opération et d’opter pour une documentation rigoureuse. Pour sécuriser vos opérations et éviter toute mauvaise surprise, vous pouvez contacter un avocat fiscaliste via Lexanova et ainsi protéger votre situation patrimoniale.

FAQ - Requalification marchand de biens : vos questions fréquentes

  • Quels sont les critères exacts pour être qualifié de marchand de biens par le fisc ?
    Le fisc examine la fréquence des achats-reventes, l’intention spéculative, la nature et la rapidité des opérations, ainsi que l’absence de motivation patrimoniale ou familiale.
  • Combien d’opérations d’achat-revente peut-on faire par an sans être considéré comme professionnel ?
    Il n’existe aucune limite légale stricte, mais au-delà de deux opérations récurrentes sur une courte période, la requalification devient probable.
  • Comment prouver l’absence d’intention spéculative lors d’un achat immobilier ?
    En démontrant une occupation, une mise en location réelle et en fournissant une raison personnelle documentée pour chaque vente.
  • Quelles sont les conséquences financières et fiscales d’une requalification en marchand de biens ?
    Application de l’IS/BIC, TVA sur la marge, majorations, pénalités et potentiellement un impact sur la protection sociale.
  • Une SCI peut-elle aussi être requalifiée en marchand de biens ?
    Oui, une SCI qui multiplie les opérations d’achat-revente sans gestion patrimoniale s’expose à une requalification et à une fiscalité lourde.

L’Essentiel à retenir

La requalification fiscale en marchand de biens vise toute opération immobilière assimilable à une activité professionnelle de spéculation, que ce soit à titre personnel ou via une SCI. Les critères-clés sont : la fréquence des opérations, l’intention de profit et l’absence de gestion patrimoniale. Pour éviter ce risque, il convient de documenter chaque opération, limiter la répétition des achats-reventes et démontrer l’absence d’intention spéculative.

La différence de fiscalité entre particulier et marchand de biens est essentielle : IS, TVA sur marge et majorations versus fiscalité des plus-values des particuliers avec abattements selon la durée de détention. Pour sécuriser vos projets, il faut anticiper, consulter un professionnel en amont et adapter ses pratiques. En cas de doute, Lexanova permet de contacter un avocat fiscaliste qualifié pour clarifier votre situation et limiter tout risque de requalification.

⚠️ Important

Cet article est fourni à des fins d'information uniquement. Pour des conseils fiscaux personnalisés adaptés à votre situation, consultez un avocat fiscaliste.

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